Signalement de publicités illégales à Montpellier

Billet du 6 avril 2013

Infractions déjà relevées: la mairie refuse d'agir

Agir pour les Paysages a signalé des publicités illégales (ou en infraction) au maire de Montpellier et au préfet de l'Hérault en novembre 2012 (voir détail plus bas sur cette page).

La mairie de Montpellier a refusé de faire le moindre geste pour faire cesser ces infractions. Rappelons que de gros intérêts sont en jeu, puisqu'une bonne partie des dispositifs en cause concerne la multinationale JCDecaux (panneau à LED du Corum, abris d'autobus portant de la publicité alors qu'ils sont situés à côté de l'aqueduc des Arceaux qui est un monument historique).

Simultanément, la Gazette de Montpellier a dû retirer son immense bâche qui enlaidissait depuis des années la place de la Comédie, de la manière la plus illégale qui soit. Victime collatérale ou simple coïncidence, la lecture de la Gazette ne donne pas l'explication, mais c'est toujours une bonne nouvelle.

Le préfet confirme les infractions et risque d'agir à la place du maire

Pourtant, la mairie de Montpellier a reçu, fin janvier 2013, une lettre recommandée du Préfet qui lui confirme la validité de la majorité des demandes d'Agir pour les Paysages, et l'enjoint à faire cesser les infractions relevées, ainsi que de rectifier un point du règlement local de la publicité qui le rend laxiste de façon illégale.

Il faut savoir que, depuis les évolutions législatives de la loi «Grenelle 2», dans le cas d'une commune qui dispose d'un règlement local de la publicité (et Montpellier dispose d'un règlement municipal), c'est le maire qui est responsable de faire appliquer le code de l'environnement dans le domaine de la publicité. Cependant, si le maire n'agit pas spontanément, alors le préfet l'invite à agir, puis si nécessaire agit lui-même à la place du maire.

Si le préfet devait finalement agir à la place du maire de Montpellier pour faire respecter la loi, et même pour faire respecter le propre règlement municipal de la publicité, ce serait la preuve d'une incompétence choquante de la mairie de Montpellier, ou d'une complaisance tout aussi intolérable.


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La mairie nous envoie une lettre recommandée absurde

Le 26 mars 2013, la mairie de Montpellier a envoyé à Agir pour les Paysages une lettre recommandée particulièrement curieuse (ci-contre): au lieu de répondre à nos demandes, elle nous explique qu'elle a bien répondu à nos demandes mais qu'elle a envoyé la réponse au préfet. Voici qui nous fait une belle jambe, une administration qui se fend d'une lettre recommandée pour expliquer à un requérant qu'elle répond à sa question, mais qu'elle ne lui répond pas à lui!

Nous répliquons donc, notamment en demandant que la mairie nous transmettre cette réponse, comme l'exige la loi.

Mais pendant ce temps, la mairie a visiblement autorisé de nouvelles installations de la part de la multinationale JCDecaux: deux panneaux vidéo de plus de 2 m² (l'écran plasma fait 2 m², mais le cadre autour est assez encombrant), l'un devant l'entrée du Polygone (côté Antigone / Échelles de la Ville), l'autre rue Maguelone (juste devant la gare SNCF).

Conformément aux usages de JCDecaux, et comme cela avait été le cas pour le panneau du Corum, ces nouveaux panneaux ont commencé par ne diffuser que des spots municipaux, et donc a priori «d'intérêt général». Mais rapidement, ils se sont mis à diffuser des publicités commerciales, par exemple pour un opérateur téléphonique.

Ces panneaux sont également en infraction, nous demandons donc également à la mairie de les faire retirer.

Une publicité vidéo illégale, en secteur sauvegardé

L'un de ces deux panneaux est purement et simplement illégal: en effet, il est situé au sein du secteur sauvegardé de Montpellier, cette zone du centre de Montpellier qui est protégée en raison de son patrimoine historique et où les publicités sont donc interdites. En effet, à quelques mètres près, ce panneau, qualifié de «mobilier urbain supportant de la publicité à titre accessoire eu égard à sa fonction», se situe à l'intérieur de l'extension du secteur sauvegardé décidé par arrêté ministériel du 11 avril 2001:

Le panneau de la rue Maguelone:
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La carte du secteur sauvegardé:

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Une publicité vidéo, contraire au règlement municipal

L'autre panneau est tout simplement en infraction avec le propre règlement de la publicité de la ville de Montpellier, qui indique que «La publicité lumineuse définie par le décret n°80.923 du 21 novembre 1981 est interdite». Donc la mairie est encore une fois incapable de respecter son propre règlement, et force le préfet à le faire respecter à sa place.

Outre l'infraction, ce panneau permet d'illustrer une astuce douteuse que JCDecaux utilise souvent (avec la complicité de la mairie):

  • officiellement, il s'agit d'un «mobilier urbain», c'est-à-dire un objet installé en ville et utile à l'intérêt général: il supporte une affiche de la mairie, affiche forcément indispensable pour les citoyens.
  • officiellement, la publicité ne joue qu'un rôle «accessoire» par rapport à ce rôle d'intérêt général. À ce titre, elle ne peut pas occuper une surface supérieure à celle de l'affiche apposée par la mairie.
  • cette logique est déjà torturée à chaque fois que JCDecaux installe ses panneaux avec l'affiche «d'intérêt général» du côté le moins visible du panneau, et avec une simple affiche alors que la publicité bénéficie d'affiches motorisée ou d'un écran vidéo. Mais passons...
  • dans le cas du panneau d'Antigone, il se trouve que l'affiche «d'intérêt général» est carrément invisible: le panneau étant collé à moins d'un mètre d'un mur, aucun passant ne peut la voir. Par contre, la publicité «à titre accessoire», est bien visible en plein dans l'axe d'Antigone.
  • Dès lors, il est clair que la publicité n'est pas là «à titre accessoire», mais que ce dispositif est un simple panneau publicitaire, vainement déguisé en «mobilier urbain».
Le panneau d'Antigone
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Pendant ce temps, les petits délits continuent... mais pas tous!

La mairie, totalement inefficace pour les grosses infractions publicitaires, n'est pas toujours très rapide non plus avec certains petits délinquants et contrevenants de la publicité.

Ainsi ce propriétaire d'une salle de sport qui inonde tout un quartier de panneaux en plastique accrochés aux arbres, aux réverbères et aux supports de caténaires du tramway: la mairie a été informée fin mars 2013, et la personne jointe au téléphone nous a indiqué «nous les connaissons bien», tant cette salle de sport est habituée de cette forme d'infractions.

Mais deux semaines plus tard, rien n'a bougé, alors que la mairie aurait pu retirer d'office ces panneaux. La mairie est-elle donc toujours inefficace? Ou s'agit-il des délais inévitables vue la complexité de la procédure? Peut-être...

Mais voici que L'Agglo-Rieuse du 3 avril 2013 nous apprend (p.2) que des affiches sauvages sont apparues le jeudi 28 mars 2013 dans le quartier de la Paillade, et que ces affiches sauvages ont été retirées immédiatement par la mairie! Comment une telle diligence est-elle possible? Peut-être parce que les affiches représentaient des caricatures peu flatteuses de la mairesse de Montpellier, Hélène Mandroux, et de son adjoint à la culture, Philippe Saurel (les deux sont candidats à l'élection minicipale de 2014).

Peut-être donc devrions-nous inscrire des méchancetés à l'égard de la mairesse sur les publicités illégales, pour que la mairie les fasse retirer plus vite? Car il semblerait donc que la mairie agisse plus efficacement lorsque la publicité en infraction sert une expression politique que lorsqu'elle sert un intérêt commercial.

Nous attendons...

À nouveau, nous attendons que la mairie veuille bien respecter la loi, et nous répondre, si possible avec une vraie réponse.

Affaire à suivre...

Contact local




Billet du 10 novembre 2012Accéder au communiqué en PDF

Publicités signalées au maire de Montpellier et au préfet de l'Hérault le 10 novembre 2012

À l'issue d'un échange entre avec la mairie de Montpellier au sujet des publicités illégales, échange dont s'était fait l'écho Montpellier Journal, l'association nationale Agir pour les paysages, dont le siège est à Montpellier, a envoyé au maire de Montpellier et au préfet de l'Hérault une petite liste de publicités illégales ou non réglementaires à démonter.

La nouvelle législation applicable à la publicité (suite aux lois «Grenelle») stipule que le maire de Montpellier est chargé de faire respecter les dispositions qui concernent la publicité, étant donné que la commune dispose d'un règlement local de la publicité, et que le Préfet peut agir à la place du maire dans le cas où celui-ci refuse d'agir.

Les cas qui ont été relevés sont emblématiques parce qu'ils sont situés à des endroits très visibles et qui méritent une protection particulière: la place de la Comédie, le Corum, l'aqueduc des Arceaux. Ils le sont également parce qu'ils sont le fait d'une entreprise très importante (l'afficheur JC.Decaux, n°1 mondial du mobilier urbain publicitaire), ou commis au vu de tous par un journal bien connu dans la commune (la Gazette de Montpellier, sur la place de la Comédie). Certaines des infractions sont mêmes classées comme des délits (violation d'une loi et non d'un simple règlement) et punies d'une amende de 7500€.

Ci-dessous, quelques exemples donnent un panorama des types d'infractions relevées. Les images haute résolution sont disponibles en cliquant sur chaque image, et elles peuvent être reprises à condition de citer la source (Agir pour les paysages).

1. La Gazette de Montpellier: un délinquant sur la place de la Comédie

L'objet du délit (une bâche publicitaire régulièrement renouvelée) trone depuis des années sur la place la plus célèbre de Montpellier.

Sur cette place, toute publicité est illégale, comme dans le reste de l'Écusson, classé «secteur protégé» par décret.

Mais même dans la zone industrielle la plus quelconque, cette publicité serait illégale, car la loi interdit aux publicités de recouvrir une fenêtre:

Article L. 581-8 du Code de l'Environnement: « III. - La publicité ne peut recouvrir tout ou partie d'une baie. […] »

Ce délit est puni de 7500€ d'amende par l'article L581-34 du Code de l'Environnement (I. 1°).


Par ailleurs, les bâches publicitaires sont interdites sur les murs qui comportent des fenêtres:

Article R. 581-55 du Code de l'Environnement (décret n° 2012-118 du 30 janvier 2012, art. 11): «Les bâches publicitaires peuvent être installées sur les seuls murs aveugles ou ceux comportant des ouvertures d’une surface unitaire inférieure à 0,50 mètre carré. Elles ne peuvent recouvrir tout ou partie d’une baie.»

2. La pub vidéo JC.Decaux au Corum: interdite à Montpellier,
et d'une dimension excessive même pour une publicité non lumineuse

Début mars 2012, JC.Decaux a installé un panneau vidéo de 8 m² à Montpellier, à la station de tramway Corum. C'était le premier de Montpellier: jusque là, dans l'Hérault, une telle horreur n'existait qu'au centre-ville de Lattes ou ce qui en fait office (car face à une telle agression, on a du mal à se sentir en ville).

Ce panneau était constitué de diodes (LED) non protégées, et il a été immédiatement tagué le 7 mars 2012 d'un adroit jet de peinture blanche, comme l'a raconté en détail le site Montpellier Journal. La nouvelle technologie Decaux était morte avant d'avoir servi.

Ayant constaté que le panneau n'était pas nettoyage, JC.Decaux l'a remplacé le 22 mai 2012: voir le reportage de Montpellier Journal.

Le nouveau panneau comporte une vitre de protection, ce qui le rend totalement illisible en journée à cause des reflets (les photos ci-contre ont donc été prises en fin de journée). Par contre la nuit, ce panneau, dont la luminosité ne s'adapte pas à l'environnement, éblouit les voyageurs qui attendent le tramway et projette une lumière clignotante blafarde sur la façade du Corum.

Jusqu'au mois de septembre 2012, conformément à la stratégie bien établie de JC.Decaux quand cette société prépare un mauvais coup, ce panneau ne diffusait que des messages de la mairie, manière de le faire passer pour un «mobilier urbain d'informations générales».

Mais en octobre 2012, voici que ce panneau est devenu publicitaire, puisqu'il diffuse notamment la propagande d'une banque-assurance, d'une école supérieure privée et de Jean-Pierre Moure.

Infraction 1: La publicité lumineuse est interdite dans cette partie de Montpellier:

Réglementation spéciale de la publicité de la ville de Montpellier, Chapitre III (ZPR2), article 5 : « La publicité lumineuse définie par le décret n°80.923 du 21 novembre 1981 est interdite. »

Infraction 2: La surface (8 m²) serait trop grande pour une publicité scellée au sol à cet endroit, même non lumineuse (maxi 2 m²):

Réglementation spéciale de la publicité de la ville de Montpellier, Chapitre III (ZPR2), article 3 (publicités) : « A) Publicité sur dispositifs scellés au sol d'une superficie inférieure ou égale à 2 m² ».

Infraction 2bis: La surface (8 m²) serait trop grande même pour un mobilier urbain supportant de la publicité à titre accessoire (maxi 2 m²):

Réglementation spéciale de la publicité de la ville de Montpellier, Chapitre III (ZPR2), article 4 (mobilier urbain supportant une publicité à titre accessoire) : « ...sa surface maximale est fixée à 2 m²,... ».


Publicité pour une banque


Publicité pour une école supérieure privée


Publicité pour Jean-Pierre Moure

3. JC.Decaux ne respecte pas les monuments historiques

Un abri pour les voyageurs qui attendent le bus sur le boulevard des Arceaux: voici du moins un mobilier urbain qui a une utilité évidente.

Néanmoins, l'aqueduc «des Arceaux» (aqueduc Saint Clément) et ses abords étant un site historique inscrit par arrêté du 5 mai 1943, toute publicité y est interdite. Ceci apparaît d'ailleurs sur le plan annexé au règlement local de Montpellier, qui rappelle l'interdiction (chapitre I article 3, page 5).

Par conséquent, cet abri ne doit comporter aucune publicité, de la même manière qu'il n'y a pas de publicité à la station de tramway «Comédie» (pour cette dernière, la raison est qu'elle se situe en secteur sauvegardé défini par décret).

L'infraction est un délit prévu à l'article L. 581-8 du Code de l'Environnement:
« I. - A l'intérieur des agglomérations, la publicité est interdite : […]
4° Dans les sites inscrits à l'inventaire et les zones de protection délimitées autour de ceux-ci ;[…] »

Ce délit est puni de 7500€ d'amende par l'article L581-34 du Code de l'Environnement (I. 1°).


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