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Le centre historique (ou Écusson)

Contexte

Situation géographique: au centre-ville! Je parle ici du centre-historique, limité par les anciennes murailles de Montpellier (aujourd'hui devenues un boulevard périphérique). Sa forme fait qu'on l'appelle également l'Écusson. Ces précisions sont utiles car le "centre" est à géométrie variable, entre les agences immobilières qui y incluent toute la zone urbanisée au début du 20e siècle, et le maire à qui une allucination qui durent depuis des décennies semble faire croire que le centre a bougé de 2 km vers l'est, vers "Port"-Marianne et la zone Oddysseum.

Historique: pendant longtemps l'Écusson était entièrement ouvert aux voitures, qui comme ailleurs avaient remplacé les tramways. La place de la Comédie était traversée par la RN113 (Toulouse-Montpellier-Nîmes). Le maire actuel, G.Frêche, élu en 1977, a très rapidement bouleversé la situation en rendant la place de la Comédie piétonne (il y a un tunnel et un parking dessous). Par la suite, la zone piétonne a été progressivement étendue, avec en particulier la rue de la Loge (qui traverse le centre et arrive à la Comédie). La Comédie est alors devenue une place centrale, et la rue de la Loge une rue très commerçante. Divers "petits bus" ont existé pour desservir le centre-ville, en particulier pour ceux qui marchent mal, mais ils ont été supprimés, visiblement par décision politique, sans raison claire. L'arrivée du nouveau tramway sur la Comédie en 2001 a encore fortement augmenté le nombre de piétons (visiteurs ou consommateurs) dans le centre-ville, en particulier le samedi. Aujourd'hui en 2003, la piétonnisation continue, avec le soutien de certains riverains, mais malgré l'inquiétude d'autres personnes, riverains ou commerçants, qui y voient la mort du centre-ville.

Sociologie: le centre de Montpellier est en fait assez populaire, car il y a beaucoup de logements trop petits, trop sombres, ou qui n'ont pas été entretenus d'une façon convenable. De plus, l'absence de parkings pour voiture (et même pour vélos) décourage beaucoup de personnes aisées d'y habiter. Cependant, il y a aussi des hôtels particuliers et de grands immeubles bourgeois de style Haussmanien, souvent superbement décorés. On trouve donc tous les extrêmes, du squatt pourri aux lambris dorés.

Visite touristique du centre de Montpellier

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La Grand-Rue, ou rue Jean-Moulin, un samedi pendant l'été (donc avec des clients et des touristes).

Cette rue entièrement piétonne a pris un aspect particulier, avec une profonde transformation de son paysage commercial. Les commerces sont nombreux, mais il n'y a aucun commerce "de tous les jours", comme une épicerie ou une quicaillerie. Au contraire, on trouve des chaussures, des habits, des parfums, etc...

Comme de plus certains des magasins sont des franchises de grandes enseignes, on sent nettement une ambiance de gallerie d'hypermarché, où beaucoup de monde circule juste le temps de faire ses achats, mais où il n'y a pas de réelle vie de quartier.

Notez les géraniums suspendus comme des lampions: c'est une nouveauté, il paraît que les fleurs se font voler si elles sont à une altitude normale.


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La rue de la Loge donne une impression proche: beaucoup d'animation, mais pas de vie propre.

Cette rue a longtemps joué un rôle important pour la circulation automobile (et encore avant, un tramway y passait). C'est aujourd'hui, et outre une gallerie commerciale, c'est aussi un lieu de rencontre typique, où chaque Montpelliérain est presque assuré de croiser une connaissance.

En-bas de la rue de la Loge se trouve la Place de la Comédie, haut-lieu touristique. Ce qui fut un carrefour de petits tramways, puis un rond-point en forme d'oeuf ou arrivait la route nationale, a bien changé, à part évidemment l'Opéra Comédie, la statue des Trois-Grâces, et les grands cafés. C'est maintenant une dalle piétonne, où seule l'odeur sortant des plaques d'aération rappelle la présence des voitures en-dessous.



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Quittant un peu l'ambiance supermarché, si nous prenons la rue de l'Aiguillerie, nous trouvons une rue, piétonne par la force des choses, également commerçante mais dont les commerces font preuve d'une plus grande originalité (malgré un certain nombre de boutiques de fringues pour ados, qui correspondent tristement à la description du quartier des Halles par Philippe Meyer, dans Paris la Grande).

Là, il y a clairement une certaine vie locale, mais insuffisante pour éviter la mort du commerce de proximité (là comme ailleurs, le petit électricien est remplacé par une boutique d'habits).

Le cas de la faculté de droit

Montpellier se vante d'avoir la plus ancienne faculté de droit (d'Europe? de France? peu importe, ce n'est peut-être même pas vrai), et elle se trouve toujours au centre-ville, évidemment Rue de l'Université. Ah mais, on fait concurrence à Bologne.

Il y a presque 10 ans, comme la fac devait être rénovée, la mairie a proposé des terrains à l'est, là où le maire image un nouveau "centre historique". Le président de l'université, Yves Loubatières à l'époque, s'y est opposé. La bataille entre les deux personnages a été féroce, tout les différenciant, sauf une stabilité psychologique aussi précaire chez l'un que chez l'autre. Au final, la fac a été séparée en deux, la partie économie et gestion partant à l'est, avec d'ailleurs la bibliothèque, tandis que le droit restait sur place dans une fac rénovée, pour la plus grande colère du maire (qui y enseigne d'ailleurs quand ses multiples mandats lui en laissent le temps). Après plusieurs années d'une situation ridicule (des bus et des panneaux indicateurs affichant "fac de droit" menaient à une faculté où on n'enseigne pas le droit), les choses se sont calmées. Mais il y a de beaux restes de cette épopée:

Une stratégie retenue par la mairie pour empêcher la fac de fonctionner au centre-ville a été de rendre tout stationnement impossible, d'abord pour les camions du chantier (on a vu des agents municipaux souder en pleine nuit des bornes normalement amovibles), puis pour les utilisateurs de la fac, qu'ils soient étudiants, enseignants, chercheurs, employés, ou visiteurs. Une illustration amusante se trouve rue de l'Arc des Mourgues, juste derrière la fac de droit: des poteaux y empêchent le stationnement sur les trottoirs. Évidemment, le stationnement y bloquerait les piétons, mais malheureusement les poteaux aussi les bloquent. Remarquer le côté où le trottoir est tellement étroit que les poteaux ont été plantés dans la chaussée, ce qui n'arrive pourtant jamais dans le reste de Montpellier:


Ne pouvant planter des poteaux partout, la mairie a décidé d'installer des arceaux à vélos à la place de toutes les places de stationnement du quartier: c'est de loin le quartier le mieux équipé de tout Montpellier dans ce domaine, mais là il y en a même 10 fois trop:

Rue de l'Université: 50 arceaux à vélos (cliquez pour agrandir).
La boutique de photocopie à droite est au coin de la rue de l'École-Mage, où se trouve la fac de droit.
Rue de l'École-Mage: 50 arceaux à vélos (cliquez pour agrandir).
On distingue à gauche l'entrée principale de la fac de droit.
La rue de l'Université passe au fond.
Notez sur chaque arceau l'étiquette de "Grand coeur", un genre d'appellation commerciale qui se rajoute à tout ce que la mairie peut faire dans le centre-ville.

À l'époque, la mairie avait aussi essayé de bloquer le bas de la rue pour rendre plus difficile l'accès des camions au chantier. Est-ce la trace d'un vieux souvenir, la mairie a aujourd'hui décidé de fermer le bas de la rue de l'Université aux voitures, et de "piétonniser" tout le quartier Candolle, un quartier très vivant et populaire (beaucoup de Gitans y vivent) situé juste au-dessus de la fac de droit. Moyennant quoi la rue de l'Université serait toujours ouverte aux voitures "pour l'instant", mais une fois en-bas, à 10 mètres d'un boulevard, celles-ci devraient tourner et passer par un enchevêtrement de rues étroites, pentues, et sans trottoirs. On dirait un "sabotage" pour obliger les riverains à demander la piétonnisation totale du quartier. Ce n'est donc pas fini!

Continuons la visite

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Non loin de la fac de droit, la Place de Candolle est vivante et très agréable: c'est une vraie place et non une dalle de béton, d'où la présence de vrais arbres.

Comme on le voit, les voitures sont admises à proximité (mais pas sur la place). Mais cela devrait bientôt changer (ceci est écrit dans l'été 2003) car le quartier devrait devenir piéton, apparemment avec la bienveillance de la principale association de quartier, les Amoureux de Candolle.


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Plus haut, à peu près au centre mathématique du centre historique, cette charmante place est la place de la Canourgue. La mairie de Montpellier y a été située.

À une époque où la mairie ne piétonnisait pas encore tout le centre, le maire a voulu y construire un parking souterrain, malgré une surface assez faible et un accès difficile. C'en eût été fini de ces jolis arbres, qui préfèrent la terre au béton.

Les travaux ont débuté, en pleine nuit comme d'habitude, à coups de tronçonneuse. C'est l'intervention efficace des riverains, à 3 heures du matin, qui a permis de stopper le massacre après l'abattage des 2 premiers arbres. Ce parking farfelu est tombé dans les oubliettes, et le quartier reste ouvert aux voitures, mais avec un débit et une vitesse tellement faibles (la rue sur la gauche descend une pente vertigineuse) que cela ne pose aucun problème.

En guise de conclusion

Depuis 1977, le centre historique a vu l'écartement progressif des voitures, avec soit leur interdiction, soit leur enfouissement (passage souterrain sous la Comédie, parkings souterrains sous la Comédie, ainsi qu'à la Préfecture et à l'Arc de Triomphe.

Cette politique, entièrement opposée à celle qui a été menée dans le reste de la ville (voir sur les autres pages, l'attribution de la quasi-totalité de l'espace disponible à la circulation automobile), pose évidemment un certain problème de cohérence: si la voiture est interdite au centre et obligatoire à l'extérieur, on tend vers la séparation de la population en deux catégories étanches.

Le tissu commercial a également été très affecté: tous les magasins de mode, de chaussures, et compagnie, situés au centre-ville (ou également dans les galeries des hypermarchés pour les grandes enseignes), tandis que les magasins de la vie courante (alimentaires, drogueries,...) sont en majorité situés à l'extérieur du centre.

Les gens qui utilisent la voiture (largement à cause du type d'urbanisme) trouvent alors le centre peu accessible et préfèrent les grandes surfaces de banlieue. Les habitants des environs du centre-ville, eux, souffrent du stationnement omniprésent des voitures de ceux qui vont au centre-ville.

Diverses personnes s'opposent régulièrement à la piétonnisation du centre-ville, ou bien réclament des nouveaux parkings: constatant la politique tout-voiture menée par la ville de Montpellier, ils refusent que le centre-ville soit isolé du reste (en particulier quand ce sont des commerçants qui visent une clientèle de l'ensemble de l'agglomération).

Mais une autre façon de voir les choses est d'accepter a priori le centre piéton, et d'analyser ce qu'il manque pour que cela fonctionne. On trouve rapidement ceci: