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La Voie Domitienne et ses amies

avenue du Colonel Pavelet, avenue de Vanières, avenue de Recambole, avenue des Garrats, avenue Paul Bringuier, rue Marius Carrieu, rue Paul Rimbaud, avenue Henri Mares, avenue de la Voie Domitienne, avenue Sabatier d'Espeyran, rue Henri Dunant, avenue de la Justice de Castelnau, avenue Saint-Lazare (un court tronçon)

...pour simplifier, on dirait bien "l'avenue des colonels", en singeant les Parisiens, sauf qu'il n'y a pas que des avenues et que les titulaires ne sont pas tous colonels.

Contexte

La Voie Domitienne et ses amies constituent une rocade qui encercle, pour faire bref, la zone urbanisée dans les années 1950. Les rues cités en sous-titre font plus d'un demi-cercle, depuis le sud (échangeur Grand-Rondelet sur l'autoroute A9) vers l'ouest, le nord, et le nord-est avec l'arrivée à Castelnau-le-Lez, ville qui touche Montpellier. De là, le contournement du côté Est se fait par l'avenue de la Pompignane (voir sa page) qui revient très vite dans Montpellier. Pour le sud, c'est principalement les sections gratuites de l'A9 qui jouent le rôle de rocades.

Bien que passant presque entièrement en zone totalement urbanisée, cette rocade est en grande partie pratiquement impraticable à pied ou à vélo. Pour autant, ceci n'est rien d'officiel, au contraire: il n'y a donc en général aucune alternative à cette rocade pour ceux qui ne sont pas en voiture.

C'est avec une bonne dose d'appréhension que j'ai pris mon vélo pour aller photographier cette avenue: même pour un cycliste convaincu et expérimenté (20km par jour de vélo en ville), cette rocade est sans doute le pire enfer que l'on peut rencontrer à Montpellier quand on circule à vélo. Et cette situation n'est pas prête de changer: dans le plan des "axes structurants pour le vélo", où la mairie annonce, sans engagement de sa part, les axes qu'elle souhaite rendre cyclable à plus ou moins long terme, il n'y a aucune partie de cette rocade. Or, le plan des rues de Montpellier fait que l'on ne peut l'éviter qu'en passant par des dédales de rues qui, même si elles étaient balisées, doublent ou triplent le temps de parcours.

Ici plus que n'importe où ailleurs, il n'a pas été possible de prendre certaines photos ou d'effectuer certains relevés, qui auraient été intéressants: à certains endroits, il est tout simplement impossible d'arriver à pied sans se faire écraser, alors ne parlons pas de se planter au milieu de la route avec un appareil photo ou avec un mètre enrouleur.

Voyage initiatique, du sud au nord-est en passant par l'ouest et le nord

Dès le début, on a quelques doutes sur la caractérisation "urbaine" de la rocade. Officiellement, toute l'avenue est autorisée aux vélos et aux piétons (sauf quelques courtes sections où ces derniers disposent de passages séparés). Tandis que si c'était une autoroute, il faudrait des itinéraires séparés pour les piétons, les vélos, et les mobylettes.

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L'avenue de Vanière, au niveau de la route de Laverune. Espace pour les piétons et les vélos: zéro.

Pour tout le monde, en particulier pour les automobilistes, il s'agit d'une autoroute. C'est-à-dire que les 50 km/h sont doublés, voire triplés.

Si on part maintenant vers le nord, on trouve l'avenue de Recambole (photo ci-dessous; cliquez dessus pour l'agrandir). Profil de gauche à droite: 1 trottoir, une contre-allée (2 fois 2 voies), une barrière métallique, 2 voies, une séparation totalement infranchissable (2 barrières + laurier rose), 2 autres voies. Toujours le même caractère autoroutier pour cette "avenue" limitée à 50 km/h avec des carrefours en trèfle (pur style américain des années 1930!). Cependant, ça s'améliore: il y a un trottoir (contre aucun), et la contre-allée est utilisable à vélo. Problème: la contre-allée a été conçue pour une desserte locale uniquement, à vélo apprêtez-vous à y accéder en empruntant une bretelle de voie rapide à contre-sens!



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L'avenue de Recambole vue depuis la contre-allée (après y être rentré par des moyens acrobatiques).

Oubliez l'aspect évident d'autoroute, c'est écrit "50 km/h", et il est précisé "Contrôles radar".
Pourtant, ceci qui roule à 50 km/h sera toujours accusé d'être dangereux par sa lenteur (comme sur l'avenue Mendès-France, où la majorité des automobilistes proteste contre la limitation à 50 et à 70 km/h, sans visiblement connaître les plusieurs morts annuels en voiture...).

Si on continue par le nord, à pied ou à vélo, pendant un moment tout va bien grâce à la contre-allée et aux rues voisines, sans trop de détours. Puis on arrive à l'avenue de la Liberté, qui mérite bien un petit aparté:
Avenue de la Liberté: ancienne voie ferrée d'intérêt local, transformée en route qui traverse Montpellier de l'ouest (La Paillade) au sud-est (Prés-d'Arènes) par l'ancien maire de Montpellier, Delmas. J'ignore l'origine du nom "avenue de la Liberté", c'est peut-être par ironie parce que cet axe est interdit aux piétons.
Localement, l'avenue de la Liberté se fait appeler "la voie rapide". Je ne peux malheureusement pas vous expliquer pourquoi: cette "voie rapide" est officiellement limitée à 50 km/h et autorisée aux vélos; certaines portions sont à 2 voies uniquement; aux heures de pointe, les voitures y dépassent difficilement les 15 km/h; aux heures creuses, la vitesse excessive liée au tracé sinueux de l'ancienne voie ferrée, ainsi qu'aux passages piétons mal protégés, ont causé de nombreux accidents mortels.
Depuis quelques années, la mairie a installé une piste cyclable sur les tronçons les plus larges. Elle n'est guère utilisée, car les cyclistes préfèrent utiliser des axes parallèles plus continus, soit au nord (avenue de Lodève, cours Gambetta), soit au sud (Croix des rosiers, Dezeuze, Figairasse, Croix du capitaine).
Le problème est le suivant: pour traverser l'avenue de la Liberté, il n'y a que l'avenue de Recambole, les autres possibilités à l'ouest ou à l'est représentant un détour d'environ 2 km. Problème insoluble donc. L'avenue de la Liberté et l'avenue de Recambole sont interconnectées par un échangeur en trèfle: qui a parlé de génie urbain?

Ci-dessous (cliquez sur l'image pour l'agrandir), une photo de l'avenue de Recambole vue depuis l'avenue de la Liberté. On voit que pour éviter ce pont dangereux, il faut traverser 2 voies (en évitant les voitures qui tournent), un zébra, une voie, une bordure en béton, 2 voies (avec la visibilité réduite par la végétation), et une voie d'accès, une piste cyclable et une contre-allée. Tout ceci étant d'ailleurs interdit aux piétons. Mais quand les gens ont besoin de traverser, ce n'est pas l'interdiction qui va les empêcher: au bout de quelques morts en un point de l'avenue, il finit en général par y apparaître un feu rouge avec bouton poussoir pour piétons.




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Plus au nord, encore un fabuleux exemple d'urbanisme, cette fois sous le nom d'avenue des Garrats, qui sur un court tronçon relie l'avenue de la Liberté à l'avenue de Lodève (on distingue au fond la trémie qui passe sous cette dernière). À droite, un hypermarché (Géant Casino, connu localement comme "Super M"). À gauche, quelques petites rues habitées, à peu près inaccessibles à pied et à vélo (en voiture, je ne sais pas).

Plus au nord, la "Voie Do" change encore 3 fois de nom en quelques centaines de mètres, oublions donc les noms. Au arrive dans le quartier d'Alco (à proximité du Conseil Général de l'Hérault, une institution qui s'illustre en se réfugiant dans un immense bunker à côté d'une paire d'immense ronds-points (jusqu'à 150 m de diamètre) financés par le département. Le bunker en question est accessible en voiture, plus difficilement à vélo (il n'y a même pas de parking à vélos!), et des barrières posées il y a quelques années évitent que les piétons ne traversent le domaine départemental...

Pour ce qui concerne la Voie Do, on note une amélioration notable: il y a des trottoirs, des passages piétons à presque chaque intersection, en général avec des feux rouges. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois! Dans l'absolu, c'est quand même une horreur, et tous les piétons et cyclistes sont bien d'accord dessus. Simplement, ce n'est plus une véritable autoroute. Ci-dessous: vers Alco (cliquez pour agrandir).



(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

On continue vers le nord-est, rue Paul Rimbaud. Tiens, juste quand il y a des arbres (d'un seul côté), ce n'est plus une avenue: original!

À part les arbres, rien ne change: peu de place à pied (et donc peu de piétons, alors que la zone est peuplée), un bruit incessant, et des cyclistes qui hésitent entre le trottoir (trop étroit et en mauvais état) et la chaussée (malgré les klaxons des automobilistes censés rouler à moins de 50 km/h).

Et on arrive ainsi tranquillement (façon de parler!) à l'intersection de la Voie Do (rue Henri Mares) avec l'avenue du Père Soulas. Cliquez ci-dessous pour voir le panorama en plus grand, et utilisez la barre de défilement horizontale:





Comme le montrent les mesures (ci-dessus), les voitures occupent jusqu'à 17.50m de largeur, tandis que pour les piétons, si l'un des trottoirs est correct (2.40m), l'autre est ridicule (1.17m, moins que l'îlot séparateur qui protège le feu rouge!), et encore les poteaux en réduisent la largeur utilisable presque de moitié.

Plus à l'est, quand la Voie Domitienne (c'est ici son nom officiel) croise l'avenue Charles Flahaut (partie urbaine de la route de Ganges, voir la page correspondante), on tombe sur un endroit où la politique visant à attribuer tout l'espace disponible à la voiture aboutit ironiquement à un danger pour les voitures: tandis que la file de gauche a tendance à continuer tout droite, la file de droite a le choix entre le trottoir en face et un rabattement parfois délicat:




(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Une fois passé le quartier des facs (et la Cité U "de la voie domitienne", avec son passage piéton auquel aucune voiture ne s'est jamais arrêtée), l'avenue prend enfin le nom d'avenue de la Justice de Castelnau, en direction de Castelnau-le-Lez.

Comme plus tôt: une avenue bruyante, boycottée par les piétons, empruntée par les cyclistes au péril de leur vie (accident mortel en 1997, "à cause du soleil").

Georges Frêche a publiquement promis une piste cyclable à cet endroit (lors des état généraux du vélo, en 1997). Puis la promesse est tombée à l'eau, ça s'arrangera avec la 2e ligne de tram, euh non avec la 3e, enfin bon, sérieusement il n'y a aucun projet d'amélioration.

C'est avec une certaine surprise qu'on arrive à proximité de Castelnau, en découvrant que le sens opposé ne dispose plus que d'une voie (contre 2 voies et un couloir de bus). Tiens les couloirs de bus de Montpellier n'ont pas tous été supprimés? Ah oui, je vois, c'est sans doute un reste fossilisé, d'ailleurs il fait moins de 500 mètres de long:




Et, surprise extrême, à la limite entre les communes de Montpellier et de Castelnau, sur le "pont submersible" (il est inondé par le Lez tous les ans, à chaque gros orage), il n'y a plus que 2 voies.

Question: sachant que l'avenue de la Justice de Castelnau (bref, la Voie Do entre les facs et Castelnau) est empruntée principalement par des gens qui vont ou viennent de Castelnau, et passent donc sur ce pont, pourquoi faut-il à tout prix qu'il y ait 4 voies sur le reste de l'avenue?

Celui qui arrive à répondre gagne une médaille en chocolat.

Conclusion

Cette rocade en zone assez densément urbanisée est particulièrement déprimante. Non seulement parce que c'est l'enfer quotidien de pas mal de piétons et des cyclistes (quelques uns y ont laissé leur vie, beaucoup plus ont simplement acheté une voiture pour pouvoir simplement rentrer chez eux entier), mais surtout parce que, aussi loin qu'on puisse voir, il n'y aucune amélioration à espérer. Non, il n'y a aucun projet sur cette rocade!

Bien sûr, on peut distinguer l'autoroute classée comme voie urbaine, au sud, et la "simple" 4-voies en pleine ville avec des mini-trottoirs. C'est une maigre consolation pour ceux qui doivent fréquenter la partie nord.