Explications en bref:
- le 6V alternatif est redressé en demi-alternance,
avec 2
diodes Schottky. Tension de déchet = 0.4 ou 0.5V,
contre 1.4V
dans le schéma précédent, soit presque
3 fois
moins de pertes (mais ne rêvons pas, la suite du
montage va
rajouter d'autres pertes). Autre avantage: le doublement de
tension
fait que même en poussant le vélo à la
main,
ça commence à éclairer: pratique pour
rentrer dans
le garage!
- cette tension est stabilisée avec 2 gros
condensateurs,
faute de quoi on n'obtiendrait jamais 12V à partir de
6V
alternatif
- les petits condensateurs secs, C3-C4-C5, servent à
éviter de soumettre les gros chimiques aux hautes
fréquences de l'alimentation à
découpage, ils ne
sont pas très efficaces pour cela.
- les diodes zéner DZ1 à DZ4 ont pour mission
d'empêcher la tension de monter dans les condensateurs
dans le
cas où le phare ne consomme pas assez: indispensables
pour
être certains que C1 et C2 ne subissent pas une
tension
supérieure à leur tension nominale.
- on trouve un circuit standard de l'industrie MC34063,
petit et
pas cher, qui permet de réaliser facilement un
régulateur
à découpage, en l'occurence un abaisseur pour
passer de
12V à environ 3V. Problème: en
général on
cherche à réguler la tension, or moi je
cherche à
réguler le courant de sortie, ce qui modifie pas mal
le
schéma.
- la sortie, avec D3 et L1, est vaguement classique, sauf
qu'elle
n'est pas référencée à la
tension
d'alimentation négative: ceci permet d'utiliser le
transistor de
commutation en mode saturé, ce qui réduit (de
2 à
3 fois) les pertes par rapport au montage suiveur Darlington
conseillé dans la datasheet. On remarque l'absence de
contre-réaction: je ne régule pas la tension
de sortie.
La diode zéner DZ5 (en fait, dans mon cas, 4 diodes
de 1.3W en
parallèle), a pour mission très importante
d'éviter les surtensions qui pourraient
détériorer
les composants dans le cas où le phare n'est pas
connecté
(mauvais contact,...). Concernant L1, lire plus bas.
- la résistance R4, utilisée par le limiteur
de
courant incorporé au MC34063, limite le courant maxi
d'entrée. Vu l'architecture du montage, le courant
maxi
d'entrée est très proche du courant moyen de
sortie, ce
qui est juste ce que je cherche à réguler. La
tolérance sur le seuil du MC34063 pour "peak sense"
(normalement
Vcc-350mV) est assez élevée, raison pour
laquelle il est
utile d'ajuster la valeur de R4, en remplaçant la LED
Luxeon par
un ampèremètre et quelques diodes en
série (pour
avoir 3V de tension de chute) et en alimentant le montage
par une
alimentation stabilisée. Éviter de brancher la
LED
dès les premières manips, si la sortie arrive
par
mégarde à 2.5A, il y aurait de quoi la griller
immédiatement.
- le condensateur C6 fixe la fréquence de
fonctionnement,
en l'occurence environ 100kHz. La petite LED D4 a un but
précis:
quand le courant d'entrée du MC34063 dépasse
la valeur
fixée, celui-ci charge le condensateur C_T beaucoup
plus vite
pour lui faire atteindre sa valeur maximale en très
peu de temps
et couper rapidement le courant. L'inconvénient est
que du coup,
il faut nettement plus de temps pour que le condensateur se
décharge, ce qui réduit le rapport cyclique.
La LED
évite au condensateur de se charger à plus de
2V environ,
c'est peu orthodoxe mais efficace.
Avec tout cela, le montage fonctionne parfaitement sur une
alimentation stabilisée, mais pas sur une dynamo. C'est
un
problème classique sur les alims à
découpage:
quand la tension d'entrée est faible, le montage consomme
plus
de courant (afin d'en tirer une puissance constante). Du coup,
si la
source d'énergie ne peut pas fournir beaucoup de courant
(c'est
justement le cas de la dynamo), le système reste
bloqué
dans une situation idiote: le circuit consomme beaucoup à
cause
de la tension d'alimentation qui est basse parce que le circuit
consomme trop...
La tension aux bornes de la résistance R4 de mesure de
courant
est alors amplifiée (approximativement) grâce
à
T1,T2,R1,R2,R3, et le condensateur C6 permet de calculer une
tension
correspondant au courant moyen (et non au courant de pic). Si ce
courant moyen dépasse une certaine valeur, la tension aux
bornes
du comparateur du MC34063 dépasse 1.25V et le circuit se
coupe,
laissant le temps à la tension d'entrée de monter.
Le
courant limite s'ajuste en tournant le potentiomètre
ajustable
R1: on peut essayer avec une alimentation stabilisée,
mais le
test final se fait sur le vélo avec la dynamo et la LED
Luxeon.
Trop bas, le phare éclaire inutilement peu. Trop haut, la
tension ne monte pas et le feu arrière n'éclaire
pas ou
pas beaucoup.
Problème de la bobine L1: il faut une bobine de
330µH (ou
plus), capable de supporter 1A sans saturation de la ferrite, et
pouvant travailler à 100kHz. Si on ne trouve pas une
bobine
toute faite, il faut la faire soi-même sur un tore de
ferrite. Or
ceux-ci ne sont pas toujours faciles à trouver, et leurs
caractéristiques sont très rarement
communiquées
clairement. Ce qui fait que j'ai dû mesurer moi-même
les
caractéristiques de mon tore. On pourrait écrire
des
pages là-dessus, c'est relativement compliqué.
Voici mon choix (qui fonctionne, mais c'est un peu
surdimensionné): le tore de 28mm de diamètre du
catalogue
Electronique Diffusion (magasin de Montpellier), avec 24 spires
de fils
bobinées dessus. Notez que l'inductance augmente comme le
carré
du nombre de spires.
Réalisation pratique
J'ai renoncé depuis longtemps à graver des
circuits
imprimés: trop pénible. Donc le montage est fait
sur une
plaquette d'expérimentation à pastilles. Les alims
à découpage exigent parfois des plans de masse,
mais un
montage rustique, surtout du type abaisseur comme ici, arrive
à
s'en passer sans problèmes. Pour autant, n'allongez pas
inutilement la longueur des fils où passe le signal
à
100kHz.
Voici l'envers du décors:
Et voici le circuit, placé dans un boîtier en
plastique
(format intérieur environ 9 x 5 x 2.5 cm), avec une
étanchéité spécialement
soignée pour
la sortie des fils par le dessous:
Connexion de l'ensemble
Voici la solution que j'ai trouvée pour mon vélo:
sachant
qu'il y a déjà une dynamo, et un feu
arrière (lui
aussi à LEDs) installé sous le porte-bagage, le
plus
simple est de fixer le boîtier sous le porte-bagage,
à un
endroit où il ne va pas gêner, ce qui permet de
connecter
directement les entrées du boîtier sur les vis
d'alimentation du feu arrière (sur l'une arrive le fil
qui vient
de la dynamo, tandis que l'autre est reliée au chassis
car les
dynamos ont toujours une cosse reliée au chassis).
Ensuite, les deux fils sortant du boîtier sont
soudés
à un double fil (genre câble pour le 220V) qui
longe le
câble pour aller jusqu'au phare. Attention:
1) il ne faut relier au chassis aucun des 2 fils qui sortent du
boîtier
2) attention à ne pas intervertir les deux fils, la LED
ne
fonctionne que dans une seule polarité, elle peut
même ne
pas du tout aimer la polarité inverse.
L'allure finale: plutôt discret, mon boîtier
suspendu au
garde-boue avec du fil de fer, non? Pour le service
après-vente,
il suffit de dérouler 2 fils de fer pour libérer
le
boîtier, qu'on peut alors faire glisser sur le dessus du
garde-boue.
Conclusion
Je ne pense pas que beaucoup de gens suivront mon exemple
à la
lettre, mais j'espère faire passer quelques idées:
- à vélo, il faut avoir un bon éclairage
(pour la
sécurité, c'est de loin plus utile que le casque).
Quand
on doit passer comme moi tous les jours par plusieurs
kilomètres
non éclairés en banlieue, c'est plus qu'une
évidence, c'est vital pour éviter de tomber dans
la
rivière qui passe à côté du chemin.
- l'électronique, c'est intéressant à
bricoler, et
le résultat est autrement plus réjouissant qu'un
bidule
qui ne marche pas acheté dans un hypermarché.
- sur un vélo, la dynamo est la meilleure source
d'énergie: bien plus puissante (et aussi moins
chère et
moins polluante) que les piles, moins pénible (et souvent
moins
lourde) que les accumulateurs à recharger
quotidiennement, moins
exposée aux vols que les systèmes amovibles...
Et maintenant, à vos inventions! Chacun peut adapter en
fonction
de ses compétences, des composants qu'il a pu trouver
(surveiller la baisse des prix des LED puissantes), et de la
somme
qu'il
accepte de dépenser.
Michel J UL I ER, Montpellier, 25 septembre 2004.