La vie politique à Montpellier a été dominée pendant plus de 30
ans par un tyran, Georges Frêche (PS, jusqu'à son exclusion en
2007).
Il est mort en 2010, au retour d'une promenade en Asie en
compagnie de son associé Louis Nicollin, le patron de la société
de ramassage d'ordures du même nom.
Georges Frêche avait une réputation mitigée: nationalement
inconnu (ou défavorablement connu), il s'était construit
localement un extraordinaire réseau clientéliste. Il a formé et
déformé tout le monde politique de Montpellier, choisissant les
politiciens les plus médiocres (qui étaient sans danger pour lui)
et instaurant un climat détestable de guerre de tranchées.
Pourtant, il n'a été exclu du PS qu'après 30 ans de pouvoir local,
quand ses dérives clientélistes et ses déclarations racistes (sur
les Harkis, des «sous-hommes» selon lui, notamment) n'ont plus été
tolérables au niveau national.
Comme je suis un partisan inconditionnel de la démocratie, et que
je n'avais aucun engagement avec Frêche (n'étant ni salarié de la
mairie, ni résident en HLM, ni candidat à une place en crêche
municipale,...), je n'aimais pas Frêche. Et Frêche ne supportait
pas qu'on ne l'aime pas: on était alors nécessairement un
«opposant politique». Voici donc quelques histoires de la période
sombre du «frêchisme» à Montpellier.
Police politique: au cachot pendant
24h pour avoir arraché un autocollant
Fin 2005, peu après avoir échoué à changer le nom de la région
Languedoc-Roussillon en "Septimanie", Georges Frêche se lançait dans
une initiative tout aussi ridicule mais plus modeste: changer le nom
de 30 lycées de la région.
Le dimanche 8 janvier 2006, j'ai tenté de décoller un autocollant
"Lycée Mendès-France" collé en toute illégalité sur la plaque à
l'entrée du lycée professionnel Méditerranée, à côté de chez moi.
C'était sans compter sur le zèle de Frêche, qui avait fait garder
tous ces autocollants, 24h/24, par des vigiles armés d'appareils
photo.
Combinant la dénonciation calomnieuse qui a prétendu que je l'avais
menacé avec un cutter -j'étais en possession d'un simple couteau
suisse avec lequel je ne l'ai jamais menacé de près ou de loin- et
une curieuse volonté de la part du Parquet d'en faire une affaire
qui marque les esprits, j'ai été mis en garde à vue, et donc jeté au
cachot du commissariat jusqu'au lendemain matin où l'on m'a amené en
fourgon cellulaire jusqu'à une cellule du tribunal, pour une
audience en comparution immédiate.
L'affaire ayant été renvoyée sur demande la région (pour se
constituer partie civile), c'est devenu une affaire d'état qui a
tenu en haleine les journaux et le petit monde politique
montpeliérain jusqu'au jugement, le 27 janvier 2006. Un seul journal
local (la Gazette, qui était aux ordres de Frêche) a, péniblement,
cherché à présenter les choses en faveur de la région. Parmi les
partis politiques, après la LCR qui m'a immédiatement soutenu et
appelé à manifester à mon procès, tous les partis m'ont soutenu à
l'exception du FN et du PS (tenu par Frêche). Le PS a même maintenu
la position de Frêche contre vents et marées, avec comme
porte-parole Max Lévita, qui est chargé des lycées à la Région.
Au final, l'affaire s'est dégonflée: la dégradation d'un autocollant
illégal est qualifiée de "dégradation légère" et me vaut une
"dispense de peine" (je suis coupable mais cela ne mérite pas une
sanction, ni même un sursis ou une inscription au casier
judiciaire), je suis relaxé de l'accusation de menaces avec arme, le
vigile (constitué partie civile) voit donc sa demande
d'indemnisation rejetée, quant à la région elle a prudemment choisi
de retirer sa plainte très peu de temps avant l'audience.
En conclusion, c'est une leçon édifiante sur les méthodes de Georges
Frêche, mais aussi sur la manière dont la machine policière et
judiciaire peut parfois s'emballer. Un coup de projecteur bien
utile, somme toute, et dont Georges Frêche (et les quelques
personnes qui le suivent encore) ne ressort assurément pas grandi,
ni d'ailleurs les magistrats du Parquet en poste les 8 et 9 janvier
qui ont donné toute sa dimension à cette affaire.
Les détails sur ma garde à vue: le 9 janvier 2006, j'ai informé la
presse de ce qui m'était arrivé par un petit communiqué:
- dans une version pour la presse
locale (pour ceux qui connaissent bien la vie locale)
- dans une version pour la presse
nationale (avec légèrement plus de contexte et moins de
détails)
La presse a bien couvert cette affaire, exemple France 3
(Montpellier, 27/01/2006 soir):
Le journal télévisé local, à l'issue de mon procès
Mon affaire apparaît dans les titres puis à partir de 1:38 Télécharger la vidéo: format WMV (original, 8 Mo)
ou au format MP4 (converti, 8 Mo).
Pour ceux qui ont raté le début, l'affaire des lycées en général
(France 2, 30/01/2006 midi):
Le journal télévisé national qui explique l'ensemble de
l'affaire du nom des lycées Télécharger la vidéo: format WMV (original, 4 Mo)
ou vidéo MP4 (converti, 5 Mo).
La Gaule
Vive la Gaule! La
"France" est un mot qui ne signifie rien! Découvrez la nouvelle
identité visuelle de La Gaule! Son logo, son slogan...
(ceci fait référence à la «Septimanie», nom que G.Frêche, au
lendemain de sa victoire de 2004 à la présidence de la région
Languedoc-Roussillon après 18 ans d'échecs ininterrompus, a sorti de
sa poche pour changer le nom de la région. Après 1 an d'âpres
débats, il avait dû remballer piteusement son projet)
En 2006, un rédacteur en chef (au demeurant très sympathique) d'un
journal largement financé par les collectivités locales m'a demandé
si je pouvais écrire un article sur la politique locale de
Montpellier et sur l'environnement. Il m'a assuré qu'il était
totalement libre de publier ce qu'il voulait. Mais au final, il m'a
dit que mon article était très intéressant mais qu'il ne pouvait pas
le publier (par ailleurs, il était trop long).