Après avoir découvert la page
http://www.pilom.com/BicycleElectronics/DynamoCircuits.htm,
j'ai tout revu. Un séjour de 24h en cachot de garde à vue m'a
donné le temps d'y réfléchir plus dans le détail (voir ma page
d'accueil: au cachot pour un autocollant arraché).
Par rapport au site de "Pilom", mon montage se place ainsi:
- le rendement est moins bon que des montages pourtant plus
simples
- mon montage utilise une seule diode puissante, contre 3 ou
4 diodes moins puissantes chez Pilom: ma solution simplifie
donc le montage et réduit le coût des réflecteurs (et même
des diodes).
- mon montage ressemble fortement au montage proposé chez
Pilom à base de LM2675. Malheureusement ce composant est
difficile à trouver et très cher. Je l'ai remplacé par un
composant bien moins performant mais qu'on trouve partout et
qui ne coûte presque rien: le MC34063 que j'aime beaucoup.
- le principe est le même: il s'agit d'un régulateur à
découpage de type abaisseur, avec une régulation qui se fait
sur le courant moyen d'entrée. Il s'agit d'un type de
régulation qui n'est jamais utilisé, mais qui permet de se
placer au point de fonctionnement optimal pour toute
vitesse, celui où la puissance fournie par la dynamo est
maximale.
Voici donc le schéma de cette 2e version:
Description:
- le 6V alternatif est redressé en demi-alternance, avec 2
diodes Schottky. Tension de déchet = 0.4 ou 0.5V (sur 6V),
soit bien mieux qu'avec un redresseur complet à 4 diodes.
Autre avantage: le doublement de tension fait que même en
poussant le vélo à la main, ça commence à éclairer: pratique
pour rentrer dans le garage!
- cette tension est stabilisée avec 2 gros condensateurs,
faute de quoi on n'obtiendrait jamais 12V à partir de 6V
alternatif.
- en fait, on ne se limite pas à 2×6V: les diodes zéner que
D3 à D6 limitent la tension d'entrée à 2×15V. Plus on roule
vite, plus ça brille (contrairement aux phares normaux qui
culminent à partir de 10 ou 15 km/h).
- si on veut alimenter aussi un feu arrière, on se branche
en série avec le montage, avec au moins 10 diodes en
parallèle (sinon le courant risque d'être excessif).
Utiliser obligatoirement des diodes identiques, sinon celle
dont la tension est la plus faible va prendre tout le
courant et griller aussi sec! Le fait que le courant circule
par courtes impulsions ne pose en pratique pas de problème
aux LED, ce qui compte principalement est qu'en moyenne, le
courant dans chacune ne dépasse pas 20 mA.
- si on ne désire pas utiliser de feu arrière, on remplace
ce système par un fil ("cavalier" sur le schéma)
- attention, le courant dans le feu arrière étant à
fréquence élevée, il faut éviter d'avoir de trop longs
fils, et surtout il faut torsader les 2 fils ensembles,
sinon vous fabriquez un émetteur radio et non un phare de
vélo.
- le circuit MC34063 est utilisé en mode abaisseur avec
transistor NPN (intégré) en mode saturé
- la partie du bas sert à la contre-réaction en courant
moyen d'entrée constant, on y distingue:
- R3: fixe la proportionnalité de la contre-réaction en
courant d'entrée
- C5: permet d'avoir la valeur moyenne de ce courant (et
améliore le rendement du convertisseur à découpage)
- R4-R5-D13-T1: source de courant d'environ 1mA
- D14: LED utilisée comme référence de tension du pauvre,
sa tension est constante grâce à la source de courant de
1mA
- P1: sert à choisir la tension qui est rajoutée à la
mesure de courant d'entrée, ceci avec 2 objectifs:
- choisir la valeur optimale de courant d'entrée (en
fonction de la dynamo utilisée)
- réduire la tension utilisée dans la mesure de courant
(pour améliorer le rendement) par rapport aux 1.25V
normalement requis sur l'entrée "V feedback" du MC34063.
- quand le transistor (intégré dans le MC34063) est passant,
le courant passe dans la LED Luxéon en passant par la bobine
- quand le transistor est bloqué, le courant continu à
passer par la bobine et la LED Luxéon, mais se reboucle par
les 2 grosses diodes Schottky D7-D8
- les 4 diodes zéner D9 à D12 ne servent à rien! Plus
sérieusement, le jour où le câble qui relie le montage à la
grosse LED Luxéon se casse, ça peut évite une surtension
potentiellement destructrice. Je suis d'un naturel prudent,
ainsi mes composants ne grillent jamais!
- la bobine L1 est faite maison. On peut en choisir une
autre, pour autant qu'elle ait une inductance de 330µH ou
plus (pas de limite supérieure), des pertes assez faibles
entre 10 et 100 kHz, et qu'elle supporte un courant d'au
moins 1A à la fois en courant RMS (correspondant à
l'échauffement du fil) et en courant de saturation
(correspondant à l'aimantation maximale du circuit
magnétique). Le tore d'Électronique Diffusion me convient
très bien, à défaut d'être très miniaturisé.
Important: après fabrication, il faut ajuster le potentiomètre
P1 qui règle le courant d'entrée. Trop faible, le phare ne
brille pas autant qu'il pourrait. Trop fort, la tension de la
dynamo reste bloquée à une valeur faible (donc la dynamo fournit
peu de puissance) et accessoirement le feu arrière risque de
recevoir un courant trop élevé. Il est d'ailleurs prudent de
commencer les règlages sans avoir connecté le feu arrière. Le
plus facile pour règler est de brancher un ampèremètre (ou de
mesurer la tension aux bornes de R3) et de règler P1 de façon à
maximiser le courant de sortie. Mieux vaut avoir un règlage un
peu trop faible qu'un peu trop élevé (trop élevé = risque de
voir la tension de la dynamo ne pas monter correctement). Ce
règlage doit se faire en utilisant la dynamo du vélo (roue en
l'air, et pédales tournées à la main), et surtout pas avec une
alimentation de laboratoire.
Attention: avec ce montage, on ne peut plus utiliser un feu
arrière standard sur dynamo (qu'il s'agisse d'une ampoule
classique ou du feu rouge à LED indiqué sur mon autre page).
Il n'y a donc que 2 solutions: soit connecter des diodes comme
indiqué sur le schéma pour faire le feu arrière, soit utiliser
un feu arrière sur piles.
Réalisation pratique
J'ai renoncé depuis longtemps à graver des circuits imprimés:
trop pénible. Donc le montage est fait sur une plaquette
d'expérimentation à pastilles. Les alims à découpage exigent
parfois des plans de masse, mais un montage rustique, surtout du
type abaisseur comme ici, arrive à s'en passer sans problèmes.
Pour autant, n'allongez pas inutilement la longueur des fils où
passe le signal à 100kHz.
Voici l'envers du décors (photos correspondant à la version 1,
mais la version 2 est assez ressemblante bien que son principe
de fonctionnement soit nettement différent):
Et voici le circuit, placé dans un boîtier en plastique (format
intérieur environ 9 x 5 x 2.5 cm), avec une étanchéité
spécialement soignée pour la sortie des fils par le dessous:
Connexion de l'ensemble
Voici la solution que j'ai trouvée pour mon vélo: sachant qu'il
y a déjà une dynamo, et un feu arrière (lui aussi à LEDs)
installé sous le porte-bagage, le plus simple est de fixer le
boîtier sous le porte-bagage, à un endroit où il ne va pas
gêner, ce qui permet de connecter directement les entrées du
boîtier sur les vis d'alimentation du feu arrière (sur l'une
arrive le fil qui vient de la dynamo, tandis que l'autre est
reliée au chassis car les dynamos ont toujours une cosse reliée
au chassis).
Ensuite, les deux fils sortant du boîtier sont soudés à un
double fil (genre câble pour le 220V) qui longe le câble pour
aller jusqu'au phare. Attention:
1) il ne faut relier au chassis aucun des 2 fils qui sortent du
boîtier
2) attention à ne pas intervertir les deux fils, la LED ne
fonctionne que dans une seule polarité, elle peut même ne pas du
tout aimer la polarité inverse.
L'allure finale: plutôt discret, mon boîtier suspendu au
garde-boue avec du fil de fer, non? Pour le service après-vente,
il suffit de dérouler 2 fils de fer pour libérer le boîtier,
qu'on peut alors faire glisser sur le dessus du garde-boue.
Sur le 2e vélo, la dynamo est un moyeu Shimano de roue avant
avec dynamo intégrée. Ceci modifie quelque peu le système:
- les fils sont plus longs entre la dynamo et le montage
- la dynamo est toujours en charge, il faut donc rajouter un
interrupteur. J'ai mis un petit interrupteur à glissière (de
récupération) sous le boîtier (dessous... pour éviter qu'il
ne prenne l'eau quand il pleut)
- la fréquence fourni par le moyeu Shimano est beaucoup plus
basse que sur une dynamo normale. Mieux vaut donc ne pas
trop lésiner sur la valeur des condensateurs C1 et C2 (il
n'y a pas de limite supérieure, à part l'encombrement). À
petite vitesse (vélo poussé à la main), ça fait des éclats
quasiment psychédéliques.
- faute de place sous le porte-bagage, j'ai fixé le boîtier
entre le porte-bagage et la tige de selle, en fait sur la
tige de fixation du porte-bagage. Avantage: en cas
d'intervention (ce qui ne s'est encore jamais présenté,
touchons du bois), il me suffira d'ôter le couvercle du
boîtier pour accéder au montage.
Théorie
Chapitre à ne pas lire si vous n'aimez pas les maths...
Une dynamo, c'est un aimant qui bouge par rapport à une bobine.
Plus ça tourne vite, plus ça fonctionne:
- la fréquence augmente (le nombre de passage des pôles de
l'aimant devant la bobine)
- la tension à vide augmente, également en proportion de la
vitesse.
Bien évidemment, ceci pose un problème: si on roule doucement ça
ne brille pas, si on roule vite l'ampoule grille. Le problème a
été résolu depuis longtemps, sans la moindre électronique (même
si aujourd'hui certains fabricants de dynamos "de luxe", vendues
en Suisse ou en Allemagne, proposent des dynamos avec régulateur
électronique). La ruse: la bobine de la dynamo a une certaine
inductance, comme n'importe quelle bobine.
Soit L l'inductance de la bobine de la dynamo, Ri la résistance
du fil de la bobine, et RL la résistance de l'ampoule. Pour les
calculs, au lieu de la fréquence F, on utilise la pulsation
omega (omega = 2.pi.F; F en Hz, omega en radians/s). Tout
bachelier sait que l'impédance de l'ensemble est:
Z = Ri + RL + L.j.omega
Mais la tension à vide augmente avec la fréquence, disons que U0
= k.omega , dans ce cas le courant circulant est I=U0/Z:
I = k.omega / (Ri + RL + L.j.omega)
Si on dessine I en fonction de omega, on constate qu'à petite
vitesse, le courant est proportionnel à la vitesse (I =
k.omega/(Ri+RL)), tandis qu'à vitesse élevée le courant est
constant (I=k/L). Il y a une vitesse limite (correspondant à
omega = (Ri+RL)/L), normalement prévue pour correspondre à un
vélo roulant à 10km/h environ.
Résultat: dès qu'on roule vite, la dynamo se comporte comme une
source de courant, et la lampe ne grille pas. Une dynamo 6V/3W
est simplement une dynamo qui fournit 0.5A quand elle tourne
vite. Si par malheur l'ampoule avant se débranche, l'ampoule
arrière récupère les 0.5A alors qu'elle est prévue pour 0.1A, ce
qui la fait griller instantanément.
Si l'on cherche à extraire la puissance la plus importante
possible d'une dynamo, je vous passe les détails, mais on
s'aperçoit qu'à part à vitesse très faible, il faut ajuster la
résistance de charge pour avoir un courant constant.
Conclusion
- à vélo, il faut avoir un bon éclairage (pour la sécurité,
c'est de loin plus utile que le casque). Quand on doit passer
comme moi tous les jours par plusieurs kilomètres non éclairés
en banlieue (sans voitures), c'est plus qu'une évidence, c'est
vital pour éviter de tomber dans la rivière qui passe à côté du
chemin.
- l'électronique, c'est intéressant à bricoler, et le résultat
est autrement plus réjouissant qu'un bidule qui ne marche pas
acheté dans un hypermarché. Mais attention, les alimentations à
découpage sont une partie assez délicate de l'électronique.
- sur un vélo, la dynamo est la meilleure source d'énergie: bien
plus puissante (et aussi moins chère et moins polluante) que les
piles, moins pénible (et souvent moins lourde) que les
accumulateurs à recharger quotidiennement, moins exposée aux
vols que les systèmes amovibles...
- pour la plupart des utilisateurs, l'idéal est un phare
halogène sur dynamo. Ne rigolez pas, si vous êtes en France,
votre phare comporte surement une ampoule standard et non
halogène, commencez par changer de phare! Pour les plus
fanatiques, les montages de la page "Pilom" citée plus haut ont
un rendement excellent et permettent la luminosité maximale. Mon
montage est pour des gens modérément fanatiques, il a déjà une
belle luminosité bien que non optimale, et fonctionne sur une
unique LED de 3W.
- n'espérez aucune économie en fabriquant vous-mêmes votre
phare: ce montage vous coûtera plus cher qu'un phare halogène du
commerce. Il faudra des décennies pour l'amortir (avec le non
remplacement des ampoules). Et ceci bien que ce montage soit
nettement plus économique que ceux que propose Pilom sur son
site web.
Michel J UL I ER, Montpellier, 25 septembre 2004 pour la
version 1, 17 avril 2006 pour la version 2.
Lisez également la description du
feu rouge à LEDs (beaucoup plus simple)